Police partout, prévention nulle part !
On constate une inquiétante banalisation du recours aux forces de l’ordre pour gérer la question des drogues à l’école. On peut y voir le symptôme d’une société qui n’envisage d’autres pistes que la répression pour relever le défi des drogues. Une voie dont l’inefficacité n’est pourtant plus à démontrer.
En contradiction totale avec le projet éducatif, la peur et la menace ne peuvent constituer le ciment d’une politique de prévention à l’adresse des jeunes. Le temps est venu d’expliquer, de discuter, d’entreprendre autre chose.
De nombreux élèves, parents, enseignants et éducateurs se posent des questions quant au caractère disproportionné des interventions policières:
“Ce genre de discours ne correspond pas à notre regard sur le cannabis, il ne répond pas à nos questions. Nous en parlons parfois entre nous, mais ce n’est pas le plus important dans notre vie. Or, le déploiement important et impressionnant de la police véhicule l’image de la drogue ultra-présente. Ce n’est pas crédible, j’ai le sentiment que ça creuse un fossé supplémentaire entre nous et l’autorité. Une sorte de conflit générationnel. Si l’école ressemble tant à une prison, comment imaginer pouvoir parler d’un éventuel problème avec nos profs ou nos éducateurs ?”
Zara, élève de secondaire
“Difficile d’avoir un quelconque respect pour les forces de l’ordre ou l’autorité scolaire. L’approche répressive prime sur le rapport humain. Les jeunes sont stigmatisés, jugés comme s’ils étaient forcément des drogués. Le cannabis circule parmi les élèves, il ne faut pas le nier. Il y a ceux qui consomment occasionnellement, d’autres régulièrement. Mais la plupart ne consomment pas. Il faudrait oser en parler à l’école avant de faire venir les chiens. J’ai le sentiment qu’il y a un réflexe de panique par rapport aux drogues, du coup on veut nous effrayer.”
Stéphane, parent d’élève de secondaire
On peut s’attendre de la part de l’école à ce qu’elle prenne ses responsabilités dans la transmission d’un savoir objectif sur les drogues, c’est-à-dire libéré de toute morale sécuritaire. Il ne viendrait pas à l’esprit d’un directeur d’école de solliciter l’intervention de la police pour gérer un problème de consommation d’alcool dans son établissement, ni à l’esprit d’un parent de le tolérer. Pourquoi devrait-il en être autrement à propos des autres drogues?
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