« Je travaille dur, je paye mes impôts et je ne fais de tort à personne. Pourtant, je suis un criminel condamné. »

Je n’ai jamais volé ni commis de violences, j’ai toujours travaillé dur et payé mes impôts. J’essaie d’être une personne sincère et honnête, d’agréable compagnie, et d’aider les autres quand je peux. Même si je n’ai jamais fait de mal à autrui, je suis considéré, et j’ai été traité, comme un criminel, ce qui a complètement perturbé ma vie et a tout compliqué pour moi. J’ai été stigmatisé, criminalisé, exclu et ostracisé par ma famille et par la société. J’ai perdu toute confiance en la justice, la politique et la société. A qui profite cette politique, et à qui rapporte-t-elle ? Combien de vies d’honnêtes gens a-t-elle déjà brisées ? Je me pose la question.

Ma jeunesse n’a pas été des plus agréables, à cause du divorce conflictuel de mes parents et de l’alcoolisme de mon beau-père, qui a été la cause de violences intrafamiliales et d’abus. C’est pour cette raison que pour ma part, je préférais fumer un joint de temps en temps plutôt que de boire un verre de vin ou une bière. J’ai vu ce que l’alcool peut déclencher chez une personne, et les comportements que cela peut entraîner. Je n’ai jamais été témoin de tels comportements de la part d’une personne qui a consommé du cannabis. Quatre personnes qui ont bu vont se disputer, quatre personnes qui ont fumé vont créer un groupe de musique, voilà ma vision des choses. Je ne suis pas contre l’alcool, et j’aime boire un verre de temps à autre. Je n’ai aucun problème avec les gens qui aiment boire un verre de temps en temps, mais si on me laisse le choix, je préfère fumer un joint.

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Photo par Mikael Kristenson

Je préfère opter pour le cannabis, drogue relativement peu nocive mais illégale, plutôt que pour l’alcool, drogue dure légale dont j’ai vu les effets sur l’humain et que j’associe à la douleur, la violence et la tristesse. Malheureusement, mes expériences et mes contacts avec la justice m’ont obligé à me tourner désormais vers l’alcool si je cherche un lubrifiant social.

Mon crédit social est épuisé, et je ne veux pas courir le risque de me retrouver en prison à cause d’un joint ; je n’y ai pas du tout ma place. Il faut dire que par le passé, pour subvenir à ma consommation personnelle, j’ai cultivé quelques plants de cannabis. C’est triste de constater que des dealers professionnels qui font également commerce de drogues dures comme la cocaïne prennent des peines moins lourdes que moi, uniquement parce que je cultivais quelques plants dans mon jardin pour ma consommation personnelle.

Je me suis rendu compte que la législation belge sur les drogues est un fouillis compliqué et que les poursuites judiciaires sont menées de façon incohérente. On peut avoir de la chance ou de la malchance à cet égard, ça dépend aussi de l’endroit où on habite, de la personne qui fait les constatations, et du tribunal devant lequel on doit comparaître. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de vainqueurs dans la guerre contre les drogues, uniquement des perdants, à part ceux qui font leur beurre grâce à ce business model, que ce soit financièrement, professionnellement ou électoralement.

C’est frustrant et démotivant de voir que de nombreux pays corrigent le tir et changent de politique dans un sens plus juste, tandis qu’en Belgique, nous glissons toujours davantage vers la répression.

J’espère que je verrai encore le jour où dans notre pays, les gens comme moi obtiendront le respect et la dignité qu’ils méritent, et où nous pourrons nous débarrasser de cette stigmatisation en tant que citoyens de seconde zone. Je mérite mieux, je fais chaque jour tout mon possible pour être quelqu’un de bien, un bon citoyen, et pour contribuer à rendre le monde meilleur. Je ne devrais pas être puni pour cela, pas plus que pour le fait que je choisis de profiter de temps en temps d’une petite cigarette au cannabis. J’ai 45 ans, et je suis assez grand pour décider moi-même de ce qui est bon et ce qui est mauvais. Le système actuel est mauvais et pervers, et j’aimerais pouvoir reprendre confiance en la société, mais il faudra que je le voie pour le croire.

D.M, 45 ans, ouvrier et indépendant à titre complémentaire

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