De quoi la société a-t-elle peur ?

Pourquoi n’accordons-nous pas à certaines catégories de la population la liberté qui accompagne la réglementation des psychotropes ? Sommes-nous personnellement effrayés par l’idée que la réglementation va de pair avec l’expérimentation ? Avons-nous peur de l’éventuel impact d’une substance psychotrope sur notre existence ? La peur est-elle bonne conseillère, ou ferions-nous mieux de nous baser en l’espèce sur la raison et la recherche scientifique ?

L’argent dépensé dans la guerre contre les drogues ferait mieux d’aller à la prévention et à l’accompagnement en matière de drogues. De plus, quand il s’agit de psychotropes, il est difficile faire l’impasse sur la question du bonheur. Le secret d’une bonne prévention drogues est de stimuler la connaissance de soi et d’apprendre à poser des limites. Les gens heureux n’ont pas besoin de substances, ou alors ils savent comment les utiliser de manière consciente et responsable. Il n’est pas rare que la dépendance découle d’un traumatisme ou d’une problématique psychiatrique sous-jacente.

En tant que médecin de 39 ans, j’ai de l’expérience en matière de recherche. Mais j’ai également travaillé comme soignant en gériatrie, en psychiatrie, en addictologie et dans l’aide d’urgence internationale avec Médecins sans Frontières. Pendant trois ans (2014-2016), j’ai été membre du Cannabis Social Club Trekt Uw Plant, et j’y ai été bénévole les deux dernières années, en tant que responsable du département cannabis thérapeutique. Les neuf derniers mois, j’ai également été administrateur à titre gratuit.

L’injustice dont est victime le consommateur de cannabis thérapeutique en Belgique m’a incité à l’action. En tant qu’administrateur, j’ai plaidé pour la réglementation légale de l’autoculture et des Cannabis Social Clubs, ainsi que pour la protection de l’usager thérapeutique1,2. J’espérais combattre une injustice par la voie démocratique, chose qui n’était pas possible dans les régions frappées par la guerre et la famine où j’avais travaillé précédemment. Malheureusement, je paie encore les conséquences juridique de cet activisme.3

En 2016, au congrès sur les drogues à Gand, le ministre de la Justice de l’époque, Koen Geens, m’a glissé ces mots encourageants : « C’est bien ce que vous faites, continuez comme ça. » Ironiquement, une enquête judiciaire était déjà lancée à ce moment-là. Aujourd’hui, avec Vincent Van Quickenborne en tant que ministre de la Justice, j’ai bon espoir. Au début de sa carrière politique, il ne faisait pas mystère de son appétence pour le cannabis.4 Aujourd’hui, il est enfin en position d’agir en conséquence.

Pour le centenaire de notre loi drogues, je voudrais demander à nos politiciens de mettre fin à la criminalisation des personnes qui optent en conscience pour une autre substance que le tabac ou l’alcool. Investissez les moyens ainsi économisés dans la prévention et l’assistance en matière de drogues. J’espère en outre qu’en ce jour de centenaire, la Cour d’Appel d’Anvers prononcera l’acquittement dans le procès contre l’asbl Trekt Uw Plant.

Dr Stefan Van der Mussele, médecin, ancien membre du Cannabis Social Club vzw Trekt Uw Plant (2014 – 2016)

En savoir plus :

  1. https://www.cannabis-social-clubs.be/csc/IMG/pdf/2016_-_blauwdruk_tup_mambo-3.pdf
  2. https://www.dewereldmorgen.be/artikel/2016/06/13/open-brief-beste-minister-reguleer-cannabis-in-belgie/
  3. https://www.standaard.be/cnt/dmf20210117_98001194
  4. https://www.demorgen.be/nieuws/vvq-mag-zijn-joint-alleen-rollen-in-de-senaat~b235a6ea/

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