Rien que pour la Belgique, la Banque Nationale de Belgique (BNB) estime à près de 700 millions d’euros le marché de la consommation de stupéfiants dans le pays pour 2019. Vu le caractère illégal de ce secteur économique, le chiffre réel est bien entendu inconnu.
Si la Banque Nationale prend la peine d’estimer le montant de ces transactions, c’est qu’elle inclut, depuis 2014, cette estimation dans le calcul annuel du produit intérieur brut (PIB) de la Belgique. Selon la BNB, les comptes nationaux doivent “mesurer de la manière la plus exhaustive possible l’activité économique”. Cette estimation représente donc le chiffre d’affaire agrégé des mafias, dealers et intermédiaires, ainsi que des petits producteurs qui revendent pour se faire un peu d’argent. On y ajoute l’exportation, principalement d’ecstasy, dont la Belgique est gros producteur. Pour ne conserver que la valeur ajoutée, le chiffre des importations est soustrait du total. Illégalité ou non, force est de constater que les drogues sont bien un secteur économique presque comme les autres, qui représente environ 0,3% de l’activité économique.
Cette estimation révèle un sérieux manque à gagner pour l’État, mais aussi un motif d’inquiétude concernant l’imbrication croissante de l’économie souterraine dans l’économie légale. Les bénéfices colossaux du trafic de drogues font l’objet de blanchiment et sont réinjectés dans l’économie régulière sans rapporter d’impôts à l’État.