Le testing de substances, une incitation à consommer ?
Non, par contre, ce dispositif sauve des vies
Le « testing » de drogues, aussi appelé « drug checking », est un service de Réduction des Risque (RdR) qui consiste à analyser le contenu et le dosage des composants des produits psychotropes en circulation, afin de réduire les risques liés à leur consommation. Ce service, destiné directement aux usager∙e∙s, s’inscrit dans un panel d’autres outils de RdR : il n’est jamais envisagé de manière isolée, mais toujours au sein d’un dispositif plus large d’accueil, d’information et, si besoin, d’orientation des personnes qui consomment des produits.
La Belgique a été l’un des premiers pays européens à mettre le testing en place. Actuellement, il a fait ses preuves dans plus d’une quinzaine de pays en Europe. Le testing est financé dans nos contrées par les autorités compétentes en matière de promotion de la santé comme projet pilote depuis plus de 20 ans. Pourtant, aucune législation claire ne le régit : il n’est donc ni légal, ni illégal.
Ce manque de reconnaissance légale entrave l’évolution du projet et alourdit considérablement sa concrétisation. En effet, pour mettre en place du testing dans un festival par exemple, l’autorisation du/de la bourgmestre ou du/de la procureur∙e du Roi est toujours nécessaire. En cas d’absence de réponse ou de refus, le testing ne sera pas permis, même si l’organisateur du festival a donné son accord.
Par ailleurs, une des étapes du testing consiste parfois à déposer des échantillons au laboratoire de Sciensano en vue d’une analyse plus précise. Or, le transport depuis différents lieux vers le laboratoire requiert des autorisations spécifiques de transport de produits psychotropes, qui sont très limitées en fonction des localités. Ce frein empêche également le développement territorial du projet.
Ce dispositif fait en outre partie d’un réseau européen qui permet d’alimenter le « Système d’Alertes Précoces » (ou « Early Warning System » en anglais) permettant de diffuser rapidement et de manière plus large toutes informations susceptibles de mettre en danger les personnes usagères : produit de coupe dangereux dans un produit, concentration particulièrement élevée du principe actif, ou produit autre que celui supposé. Ce système permet donc aux usager∙e∙s de prendre soin d’eux/elles et d’éviter des possibles surdoses létales.
Il n’existe aucun autre outil ou service que le testing qui permette de transmettre, directement ou indirectement, l’information aux potentiel∙le∙s usager∙e∙s et de savoir si un produit dangereux circule. Dans ce contexte, force est de constater que selon les communes, les régions, les divers lieux festifs existants, les usager∙e∙s n’ont pas les mêmes possibilités de se protéger, ni le même droit à la santé.